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Oct23
Back to the roots, au XIX°, le sport anglais a pris racine au Havre
Un article d’Olivier Bouzard
Pour une ville née il y a à peine 500 ans, Le Havre abrite un surprenant palmarès de clubs sportifs doyens dans leur catégorie. Peu le savent, mais voile, foot et rugby ont traversé la Manche et pris racine ici, avant de s’imposer sur tout le continent.
A force de vivre l’isolement insulaire, les peuples britanniques ont développé des us et coutumes qui leur sont propres. Si certaines pratiques restent leur apanage, d’autres ont su franchir l’obstacle maritime pour s’imposer en France et en Europe. Idéalement située face à l’ennemi héréditaire, Le Havre a servi de berceau à nombre de modes et traditions débarquées d’outre-Manche : le rock en est un exemple assez récent. Et puisque c’est par la mer que tout arrive, il était logique que la plaisance et les régates trouvent sur la côte normande un débouché naturel.
Les yacht-clubs britanniques, dont le premier fut fondé en Irlande en 1720, sont restés sans équivalents en France jusqu’en… 1838 où un groupe de plaisanciers havrais s’est mis en tête de créer une société nautique « smart et select » sur le modèle de leur voisin. Si le but initial était d’attirer les baigneurs parisiens vers le tout nouvel hôtel des Bains Frascati (à six heures de la capitale grâce au chemin de fer), l’idée d’organiser des régates est retenue dès 1839 et les premières se déroulent le 18 août de la même année. Ainsi naît la Société des Régates du Havre, club doyen d’Europe continentale et encore aujourd’hui, premier club de France avec plus de 2 400 licenciés à la Fédération Française de Voile…
Indifférenciation et indifférence
Plus populaires, deux autres sports made in Britain ont eux aussi fait leur entrée discrète mais durable sur le continent via le port du Havre. Si le cricket restait definitely impossible à exporter, il n’en allait pas de même
pour le football et le rugby, alors pas
si indissociables l’un de l’autre en cette fin de ¼….e siècle. Leurs débuts furent plutôt modestes puisque tout a commencé derrière la palissade d’un terrain vague de l’avenue Foch avec un appentis en guise de vestiaire et, comme tenues, des blouses de coton blanc ornées d’une soutache bleue aux manches.
Le jeu de ballon rond tel qu’on le connaît a été codifié par les Anglais une première fois en 1848 à Cambridge, une seconde fois en 1863, date de la fondation de la Football Association.
De par sa proximité géographique et commerciale, Le Havre était le lieu d’accueil idéal pour cet étrange sport importé par d’anciens élèves d’Oxford et de Cambridge. Ainsi démarre l’histoire du premier club français, premier parce que fondé en
1872, et que jamais encore la France,
ni aucun autre pays de l’Europe continentale n’avaient donné le jour à un club de football. Ce pionnier inspirera la création de plusieurs prestigieux clubs en France : Paris Football Club (1879), Club Omnisport des Girondins
de Bordeaux (1881), Racing Club de France (1882), Stade Français (1883)…
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Oct23
Vivacité des liens entre Normandie et pays nordiques
Éric Eydoux, auteur et traducteur, maître de conférences honoraire à l’Université de Caen, a joué un rôle central dans les liens qui unissent aujourd’hui la Normandie et les Pays nordiques. L’ancien conseiller culturel de l’Ambassade d’Oslo, fondateur du festival de culture nordique Les Boréales, nous rappelle la force et la singularité de ces liens.
Article de Christine Raout
Michel descend de Mikke le Viking, qui n’a pas laissé grand trace
Le Musée de Normandie est révélateur du nombre extrêmement limité d’objets vikings retrouvés en Normandie. L’archéologie n’a rien donné, c’est la toponymie – l’étude des noms de lieu et de leur étymologie – qui permet de circonvenir les implantations viking dans la région. Par exemple, tous les noms qui se terminent en bec, à l’origine beq en norvégien, signifient le ruisseau ; Dieppe, vient de dyp en norvégien, qui veut dire profond. »
Pour ceux que cela passionne, les traces encore existantes des origines viking – et de l’ensemble des liens entre Normandie et pays nordiques – sont répertoriées dans un document numérique sur le site du festival Les Boréales.
Un intérêt normand pour les pays nordiques qui ne date pas d’hier
«Il y a toujours eu des relations diplomatiques entre le Danemark, la Suède et la France. Mais l’intérêt pour la Scandinavie se focalise sur la fin XIX°et le début du XX°siècle. Pourquoi ? D’abord à cause des grands explorateurs, avec l’exploration du Pôle Nord par Fridtjof Nansen et son énorme retentissement en France. Grâce au théâtre ensuite : entre 1890 et 1900, il n’y a pas eu une année où l’on n’a pas joué une pièce d’Ibsen sur les scènes parisiennes, et Grieg est le compositeur étranger le plus joué en France à cette époque ! Il y a eu des liens économiques aussi : la
Norvège acquiert l’indépendance en 1905 et devient une puissance industrielle avec la fondation d’une compagnie franco-norvégienne, la Norvégienne de l’Azote. »…
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Oct23
L’Imec, aux sources de l’écriture
Entretien réalisé par Marylène Carre, photos d’Emmanuel Blivet
C’est un lieu rare en France. Et c’est une collection unique. Manuscrits, lettres, carnets, esquisses… Derrière les hauts murs de l’Abbaye d’Ardenne, près de Caen, l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine préserve et met en valeur un ensemble exceptionnel de plus de six cents fonds d’archives qui témoignent de l’histoire de la pensée et de la création contemporaines.
…
Entretien avec Albert Dichy, son directeur littéraire
Quelle est l’origine de l’Imec ?
L’Imec est une aventure extraordinaire, inattendue, sans précédent dans le monde de l’archive et de la mémoire littéraire, intellectuelle et artistique. Au départ de cette odyssée, une double initiative : d’une part, le désir de chercheurs de rendre accessibles les archives contemporaines qui tardaient à être ouvertes à la consultation en France; et d’autre part, l’inquiétude de grandes figures de l’édition, notamment Christian Bourgois et Antoine Gallimard, qui furent parmi les premiers présidents de l’Imec, qui constataient que les archives de leur profession ne disposaient d’aucun lieu d’accueil spécifique. Une association a alors été créée, avec le soutien des pouvoirs publics, constituée des auteurs, éditeurs, donateurs et légataires…
Retrouvez l’intégralité de l’interview d’Albert Dichy dans Michel Numéro 2
Soigner les racines
L’archive est une matière fragile qu’il faut d’abord commencer par soigner, sauvegarder, préserver dans son intégrité matérielle et sa cohérence intellectuelle. Dans le pavillon des collections de l’Imec, de multiples mains s’affairent minutieusement autour de ces trésors…
Dépoussiérer : les documents qui entrent à l’Imec ont parfois dormi des années dans des greniers ou des caves. Les « collecteurs » les découvrent sur place « à l’état d’origine, stockés dans des cartons, parfois sous plastique ou dans de simples bannettes… », détaille André Derval, directeur des collections. Ils évaluent sur place les conditions de conservation, procèdent à un premier tri puis les acheminent jusqu’au pavillon des collections, où ils pourront acquérir le statut d’archive, à l’issue du traitement documentaire. Il faut en premier lieu les dépoussiérer, retirer les objets métalliques et plastiques, assainir les papiers et les reconditionner dans des chemises non acides et des boîtes en polypropylène qui résistent au feu et à l’humidité…
Article sur les modalités de travail des archivistes de l’Imec, à lire dans Michel n°2
Oct07
L’écrivain Alice Zeniter, invitée de MICHEL 2
Entretien réalisé par Marylène Carre, photos d’Emmanuel Blivet
Alice Zeniter a un accent normand, un nom algérien, les cheveux noirs et la peau brune. Elle a grandi en Normandie, vécu à Paris et s’est installée en Bretagne. Dans L’Art de perdre, son cinquième roman, l’écrivaine de 31 ans s’interroge sur le sens du mot « racines ». Que signifie « avoir des racines algériennes » quand on ignore tout du pays d’où l’on vient ? En a-t-on besoin pour exister ?
Dans L’Art de perdre, Naïma, petite fille de harki, part en quête d’une histoire familiale qui ne lui a jamais été racontée. Comme elle, vous êtes petite-fille de harki née en Normandie. Pourquoi n’avoir pas écrit ce roman à la première personne ?
Au départ, je ne savais pas si je voulais écrire à la première ou à la troisième personne. C’est en avançant dans l’écriture que j’ai eu envie que Naïma soit un personnage. Moi je suis l’écrivaine, le maître des marionnettes. Naïma est proche de moi ; le monde dans lequel elle a grandi est le mien. Mais je n’aime pas l’idée qu’elle soit mon double. Elle est plutôt mon cheval de Troie, qui me sert à traverser l’histoire, à faire passer dans les coulisses mon cheminement. Ma famille fait partie de la documentation, mais ce n’est pas une enquête sur elle. Le père et le grand-père, Hamid et Ali, sont des personnages fictifs nés d’histoires rencontrées et de bribes familiales. Je n’aurais pas voulu avoir à rendre des comptes à une version du récit familial, ou à des faits déterrés minutieusement par une enquête. J’ai besoin que l’écriture puisse m’emmener là où j’ai décidé. Cette liberté que laisse la fiction est très précieuse…
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Oct23
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